Le potentiel du secteur agroalimenataire africain permet à nombre d’experts d’assurer que l’Afrique aura un rôle capital dans l’alimentation mondiale. Le secteur est sensé généré 1 million de milliards de dollars d’ici 2050. Cependant, il y a un long chemin avant que l’Afrique ne s’auto-nourisse; qu’elle inverse les 35 milliards de dollars d’importations alimentaires annuelles en valeurs d’exportation; ainsi que l’ambitionnait le président de la BAD, Akinwumi Adesina en 2015.
En plus des infrastructures, la création des marchés régionaux, la recherche et le développement des techniques; mais aussi l’usage de nouvelles technologies, l’Afrique doit aussi faire face aux bouleversements climatiques. Ces derniers causent des mouvements migratoires capables de limiter les productions agricoles.
Dans les domaines de la recherche et des technologies, l’Afrique doit s’inspirer des pays du Nord; ainsi que des pays du Sud comme le Brésil pour être plus efficace, s’offrir des conditions d’exploitation plus sûres; mais aussi augmenter sa production, réduire les pertes de production et d’usage d’eau, d’engrais, et de pesticides.
A- 6 Technologies pour booster la production agroalimentaire africaine
Pour que l’Afrique atteigne les sommets de la production alimentaire, elle DOIT adopter des technologies modernes et les appliquer à ses réalités. Point besoin de créer ou de re-créer de nouvelles technologies! Tout ce dont nous avons besoin est d’en adopter celles qui nous sont disponibles. Ci-dessous, six technologies que l’Afrique pourrait exploiter pour booster ses productions alimentaires.
A1- Les capteurs de sols, d’eau, de température
Le matériel agricole moderne est équipé de capteurs capables de lire, la santé et les besoins en eau des plantes; ainsi que les niveaux d’azote dans le sol. Les capteurs permettent ensuite d’appliquer en temps réel des entrées en fonction des conditions du sol.
- Dans le domaine de l’irrigation, les capteurs aident à optimiser l’utilisation de l’eau et à éviter les pertes de rendement.
- Les capteurs de lumière mesurent la réflectance de la lumière sur les plantes. Ce qui se traduit par les niveaux d’azote. Les contrôleurs électroniques connectés aux capteurs signalent ensuite aux systèmes d’application d’appliquer la quantité d’azote appropriée à la culture.
- D’autres capteurs mesurent les caractéristiques du sol: sa conductivité électrique, son élévation, sa teneur en matière organique et son pH.
- L’imagerie par satellite ou aérienne, appelée télédétection, est un autre type de système de détection. Ces satellites prennent des images de zones agricoles clés pour relever les différences de santé des cultures. Les producteurs peuvent ensuite appliquer des nutriments sur la base d’une ordonnance des images satellites.
A2- La technologie de précision
Les technologies de l’agriculture deviennent de plus en plus robustes et précises; inaugurant ainsi une ère d’hyper précision.
L’adoption généralisée des systèmes de navigation RTK en est à l’origine. Avec cette navigation, les fabricants introduisent des contrôleurs; mais aussi des lecteurs et des systèmes d’arrêt avec une résolution super fine. Ce qui donne aux agriculteurs la possibilité d’appliquer plusieurs produits à des débits variables sur le terrain et les plantes.
Il y a aussi les systèmes de circulation contrôlés et les systèmes de drains de drainage.
A3- L’automatisation conservatrice
Les nouvelles fonctionnalités automatisées permettent aux opérateurs d’effectuer plus de tâches avec moins de contrainte; mais avec plus de précision. Parce que les erreurs humaines sont éliminées.
Quelques exemples d’automation incluent:
- L’automatisation des fonctions de conduite telles que la gestion intelligente de l’alimentation.
- La direction GPS.
- L’automatisation programmable.
- Les presses à balles automatiques.
- L’automatisation du contrôle par l’opérateur des moissonneuses-batteuses et des ensileuses.
A4- Les produits biologiques et hybrides
Les technologies avancées, telles que le criblage à haut débit, aident les entreprises à multiplier rapidement les organismes utiles. Ce qui favorise alors le développement de nouveaux produits biologiques et produits hybrides; c’est-à-dire, ceux qui développent une résistance accrue aux parasites. Notamment:
- Cultures à croissance précoce et produits de traitement des semences,
- Polymère de graine soluble dans l’eau conçu pour lier les rehausseurs de performances biologiques et les protecteurs de semences,
- Biofongicides utilisés pour protéger le soja,
- Produits de biofertilité,
- Hybrides de maïs, par exemple, avec l’objectif d’augmenter le rendement du maïs aux niveaux d’azote existants; ou d’en maintenir le rendement actuel avec des niveaux d’azote réduits.
- Produits biopesticides,
- Hybrides de maïs résistant à la sécheresse sont, par exemple, désormais disponibles sur le marché.
A5- Le contrôle de la bande à taux variable
Le contrôle de l’andain permet d’économiser sur les semences, les minéraux, les engrais et les herbicides en réduisant le chevauchement des intrants. Ici, un pré-calcul de la taille du terrain sur lequel les intrants doivent être utilisés et un pré-calcul de la productivité relative de différentes zones du terrain, ainsi que les machines ou robots peuvent appliquer de manière procédurale des intrants à des taux variables sur le terrain.
A6- Les machines agricoles robotisées et les drones
Ce sont des machines utilisées pour automatiser les processus agricoles. Notamment, la récolte, la cueillette des fruits, le labour, l’entretien du sol, le désherbage, la plantation, l’irrigation, etc.
B- Comment l’Afrique exploite-t-elle ces technologies à l’ère numérique?
Loin de l’image répandue du jeune oisif représentant la jeunesse africaine, le continent regorge de beaucoup de jeunes actifs, innovateurs et qui taclent, avec des moyens de bord, les problèmes sur le continent. Beaucoup d’entrepreneurs africains s’intéressent désormais au mode de fonctionnement de l’agriculture et à la manière dont ils peuvent contribuer à améliorer les rendements.
Ainsi, la barrière à l’entrée dans la technologie agricole a été levée. Le cloud, la connectivité, les logiciels open source et d’autres outils numériques deviennent plus abordables et accessibles. Aussi, les entrepreneurs peuvent-ils désormais proposer des solutions aux petits exploitants africains à des coûts abordables.
Bon nombre de ces jeunes entrepreneurs se spécialisent dans l’apport des solutions numériques dans les domaines agricoles et pastorales.
B1- Le cas des applications mobiles ou Web
L’Afrique est la deuxième plus grande destination des smartphones au monde. Ce qui fait de l’africain un grand consommateur des applications mobiles. Bonne nouvelle! Parce que beaucoup de développeurs africains en gagnent leur vie en résolvant des problèmes locaux. L’agropastoral est un domaine qui attire l’intérêt des développeurs et soutenus par des structures internationales.
Plusieurs gouvernements investissent également dans la recherche et la numérisation du secteur agricole. Le gouvernement Kenyan, par exemple. C’est ainsi qu’à travers son organisation de recherche sur l’agriculture et l’élevage (KARLO), le Kenya a lancé 14 applications. Le but est d’aider les agriculteurs à faire de bons choix et prendre de meilleures décisions en matière d’agriculture.
Ainsi, il y a beaucoup d’applications mobiles disponibles au public fermier pour améliorer la production agropastorale en Afrique. Il y a:
a) Des applications qui règlent des problèmes directs de production agroalimentaire
C’est le cas de l’application mobile FAMEWS pour lutter contre la chénille légionnaire d’automne en Afrique, accompagnée de l’application NuRu, toutes deux initiées par la FAO. Dans le même ordre, les fermiers en Afrique de l’Est ne peuvent pas mieux se rejouir de VetAfica; une application mobile qui diagnostique les maladies du bétail et suggère des médicaments appropriés. Cassava Seed Tracker est une autre application qui promet un avenir en rose aux agriculteurs de manioc. Cette application identifie en temps réel, grâce à la caméra du téléphone, les maladies associées à la culture de manioc; propose des solutions et partage les astuces des autres cultivateurs. Il y a aussi Kuza Doctor, Abalobi, EZ-Farms, Zenvus, SunCulture…
b) Des applications d’information ou d’éducation agricoles
C’est le groupe d’applications les plus populaires dans le domaine agroalimentaire en Afrique. Quelques-uns des exemples sont: Agrinet, Farmline, i-cow, M-Farm, Esoko,SimAgri, AgroBenin, Cocoa Link, Agro-Hub, Modisar, UjuziKilimo, …
c) Des applications de mise en contact
Ce type d’applications permettent aux producteurs de trouver des marchés pour vendre leurs produits ou s’approvisionner. Ce sont par exemple, Mlouma, Rural e-market, Lôr Bouôr…
d) Des applications météorologiques
Elles alertent les fermiers sur les risques potentiels: Kilimo Salama, Rain for Africa, AgroCenta, Ignitia Weather
Il est dommage que la plupart des innovations existantes s’appliquent à des sous-régions précises, et non à toute l’Afrique. La bonne nouvelle est que les peuplades d’autres sous-régions peuvent s’en inspirer pour créer des solutions adaptées à leurs localités.
B2- Le cas des drones agricoles
Les drones sont des robots volants utilisés pour la collecte d’informations dont l’analyse permet aux fermiers de prendre des décisions calculées, résultant en de meilleurs rendements. Pour qu’un drone devienne usuel dans le secteur agroalimentaire, il faut l’équiper d’outils qui le permettent d’effectuer la tâche voulue. Ainsi, on les équipe de caméras HD et des capteurs de précision. Notons que plusieurs types de capteurs sont utilisés en agriculture et peuvent donc être attachés aux drones.
Les photos prises sous plusieurs angles permettent aux fermiers d’identifier les zones à problème sur le terrain; tandis que les capteurs détectent les cultures stressées par manque d’eau ou d’engrais; mais aussi les attaques des ravageurs; ou encore la courbe de croissance des activités comme l’activité photosynthétique des plantes.
Petit-à-petit, les fermiers africains sont entrain d’adopter l’usage de drones dans leurs exploitations. C’est parce qu’un peu partout sur le continent ont vu le jour des sociétés de montage de drones à usage agricole. C’est le cas de WeFlyAgri et de Côte d’Ivoire Drone en côte d’Ivoire ou de Drone-Africa au Cameroun.
En transmettant à leurs applications mobiles ou web les données collectées par les drones, ces compagnies aident les agriculteurs et eleveurs à gérer, même à distance les activités dans leurs plantations et leurs fermes et à prendre des décisions propices. Par exemple, les drones dotés de capteurs hyperspectraux, multispectraux ou thermiques peuvent identifier des zones sèches dans une plantation. En analysant la photo, l’agriculteur réaliserait que les plantes dans cette zone nécessiteraient plus d’eau, par exemple, que les autres zones.
Recap
Bref, si le potentiel pour une Afrique auto-suffisante sur le plan alimentaire existe, le déploiement de nouvelles technologies s’impose. Il est surtout urgent de les déployer à meilleurs échelles, à cause de nombreux défis auxquels l’Afrique doit faire face aux cours des prochaines années. En effet, l’augmentation de la population se traduit par plus de bouches à nourrir; Tandis que les bouleversements climatiques ne font que limiter, voire réduire nos productions déjà maigres. Les recherches sur le développement des cultures et celui des technologies devraient devenir une préoccupation pour tout le monde.